Format : Format Kindle (pour l’édition numérique)
Nombre de pages de l’édition imprimée : 196 pages
Vendu par : Exclusivité
Langue : Français
ASIN : B08RZ6YR88
Éditions : Française/Internationale numérique, Française/Internationale papier, Française/Canadienne numérique
Résumé : Tout le monde n’est pas capable de devenir un superhéros. Laura, 24 ans, est institutrice dans une école de l’Abbaye-sur-Mer. Transportée aux urgences après avoir rendu du sang, on ne lui décèle aucune maladie. Pourtant la jeune femme souffre d’un mal étrange. En effet, ses moments de stress causent des perturbations sur les appareils électriques environnants. Nathan, son petit ami, commence à craindre celle avec qui il partage sa vie. Car les pouvoirs de Laura se développent et elle a beaucoup de mal à les maîtriser. Le doute s’installe dans leur relation. Comment Laura a-t-elle acquis ces aptitudes surnaturelles ? Lui cache-t-elle quelque chose ? Est-elle damnée ou possédée par un esprit diabolique ? Est-elle responsable des nombreux incidents survenus récemment à l’Abbaye-sur-Mer ? Le temps presse, car la situation va bientôt devenir totalement incontrôlable !
Jimmy Sabater est l’auteur de la trilogie jeunesse (ados et jeunes adultes) des Mystères du Forgrisant, dont le tome 1, “Un Suspect presque parfait”, a été numéro 1 des ventes, toutes catégories confondues, en décembre 2012 sur Amazon !
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La Magie des Rashtarian : L’Énigme de la Femme électrique
EXTRAIT
La Magie des Rashtarian : L’Énigme de la Femme électrique
1 – Inconvenant
Laura demeura immobile, les mains crispées sur le dossier de sa chaise d’institutrice, tandis qu’un nouveau couple traversait la salle de classe, en se dirigeant droit vers elle :
— Bonjour, Mademoiselle Florentin. Nous sommes les parents de Donovan, commença aussitôt la femme d’une quarantaine d’années, avec sa silhouette disproportionnée de flamant rose. Elle prit aussitôt un air à la fois hautain et faussement jovial. J’investis beaucoup de temps en l’accompagnant dans ses devoirs et je fais tout mon possible, alors que…
Laura la coupa en lui tendant une main fluette, mais franche et ferme.
— Enchantée, dit-elle en souriant. C’est un brave garçon.
Depuis le couloir, l’intéressé faisait mine d’admirer les dessins de ses camarades, exposés au-dessus des portes manteaux. Mais de toute évidence, il ne ratait pas un mot de la conversation.
— Oui, autant l’avouer directement, nous ne sommes pas d’accord avec vos méthodes d’enseignement ! commença le père un brin irrité.
— Laisse-moi parler ! le coupa sèchement sa femme en le fusillant du regard, comme s’il ne suivait pas ce qui avait été préalablement convenu. Nous ne vous reprochons rien, Mademoiselle Florentin. D’ailleurs Donovan vous aime beaucoup… Ce… Ce n’est pas la question. Mais… Vous êtes parfois un peu rude avec lui !
Laura tenta de se remémorer les derniers jours passés avec l’enfant, mais ne nota aucun événement particulier. Donovan était un garçon effacé, docile et se laissait facilement influencer par les autres élèves qui ne manquaient pas d’abuser de cette faiblesse.
— Vous lui faites parfois peur, reprit le père que l’on sentait à deux doigts de piquer son fard. Vous l’avez encore disputé pour sa paire de ciseaux pointus et il a pleuré en rentrant de l’école.
Le mari, chauve à la peau poisseuse, portait un polo étriqué qui mettait sa bedaine en évidence.
— C’est inscrit dans le règlement intérieur de l’établissement, expliqua Laura, sans sourciller une seconde. C’est interdit pour que les enfants ne se blessent pas ou n’agressent pas leurs camarades. Simple mesure de sécurité.
— Vous sous-entendez que mon fils est un demeuré et qu’il ne sait pas utiliser une paire de ciseaux ?
L’institutrice lâcha un petit soupir de lassitude. Ces réunions parents enseignants l’exaspéraient déjà, alors que sa carrière commençait à peine. Mais Laura n’était pas à court d’arguments :
— Votre fils est très intelligent, dit-elle avec hypocrisie. Si tous les enfants étaient comme lui, mon métier serait un réel plaisir. Ce sont les autres qui sont turbulents. Imaginez si l’un d’entre eux l’agressait avec cette paire de ciseaux ! Je ne m’en remettrais jamais !
Les traits du père s’assouplirent aussitôt et il sourit, tant cette déclaration pleine d’empathie le rassurait. Évidemment que son fils était au-dessus de la mêlée de ces enfants insignifiants et dénués intérêt.
Un silence gêné, comme celui succédant une victoire, plana quelques secondes.
— Eh, bien, nous vous sommes très reconnaissants, renchérit la mère en attrapant la main de la maîtresse pour la lui serrer énergiquement. Je suis… Je suis contente que vous ne soyez pas l’une de ces fainéantes de fonctionnaires uniquement intéressées par les vacances, les arrêts maladie et la régularité des augmentations d’un État providence !
Laura n’ajouta pas un mot. Elle n’avait pas envie de s’énerver davantage, ni de lui démontrer l’imbécillité de ses propos.
Un autre enfant s’approcha, laissant son père quelques mètres, derrière lui.
— Je dois vous laisser, mon temps est malheureusement compté, prévint-elle alors que les parents semblaient subitement plus motivés à entendre d’autres détails sur les performances intellectuelles de leurs fils.
Le couple n’insista pas et rejoignit Donovan qu’ils couvrirent aussitôt d’éloges.
— Tu vois ! La maîtresse pense que tu es un surdoué…
Laura profita de sa solitude passagère et du silence revenu pour avaler un antihistaminique et quelques gorgées d’eau. Depuis quelques jours, elle souffrait de divers symptômes liés à ses allergies aux pollens et elle sentait que sans ces comprimés, leurs répercussions seraient dévastatrices pour son organisme.
Alex, un jeune garçon qui attendait dans la plus grande discrétion, approcha timidement, comme pour montrer à son père qu’il ne risquait rien en allant à la rencontre de son enseignante.
Les deux adultes se détaillèrent pendant quelques instants de haut en bas.
Laura était une jolie rousse d’un mètre soixante-dix, aux longs cheveux bouclés, avec un visage triangulaire et de grands yeux incroyablement verts. Mince, malgré une poitrine plantureuse, elle se mouvait toujours harmonieusement et certains considéraient parfois sa gestuelle de danseuse à un style qu’elle tentait de s’approprier.
L’inconnu était, quant à lui, un peu plus petit. Il portait un long manteau vert foncé, un jean et des bottes en cuir qui devaient lui sembler insupportables par ces hautes températures de début juin. Son visage encadré par des tempes grisonnantes et dissimulé par une longue mèche de cheveux noirs, semblait dur et blafard. Il possédait de grands yeux noirs perçants qui paraissait déshabiller l’âme de son interlocutrice.
— Je suis Rodislav Rashtarian, fit-il d’une voix caverneuse, en venant saluer Laura. Mon fils, Alex, vous aime beaucoup, alors je suis venu vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour lui pendant l’année scolaire.
Laura fit mine d’être charmée, mais elle ne se souvenait pas avoir fait preuve du moindre écart de gentillesse particulier vis-à-vis de sa progéniture. Elle passa machinalement sa main dans les cheveux blonds de l’enfant et celui-ci parut coutumier de ce geste affectueux puisqu’il ne montra pas la moindre surprise :
— Alex est réservé, timide, mais toujours très sage. Il est aussi un peu rêveur, mais ce n’est pas un mal. Beaucoup de grands hommes étaient souvent dans la lune. Et puis, si on ne rêve pas quand on est petit, quand le fera-t-on ?
— C’est un bon petit, reprit l’homme, sûr de son jugement. Il aime la lecture et il est passionné par-dessus tout par la généalogie et l’histoire de France.
— La lecture ouvre bien des portes que la télévision verrouille, ajouta la jeune institutrice sous le regard conquis du père dont l’âge semblait indéterminé.
— Je l’élève seul, depuis la disparition de sa maman, mais il est si discret que j’ai parfois l’impression de ne pas avoir d’enfant, commenta-t-il avant de sortir de son lourd manteau une petite boîte en bois au couvercle sculpté. Tenez, je vous apporte ce petit présent. C’est pour vous.
Laura écarquilla les yeux de stupéfaction. C’était la première fois qu’un parent lui offrait un cadeau.
— Oh ! Une boîte ! Merci beaucoup ! Elle est jolie.
— Non… Le… Le cadeau est à l’intérieur.
La jeune femme rougit avant de soulever le couvercle pour découvrir trois petits biscuits ronds, avec un point rouge en leur centre.
Par politesse, elle en attrapa un et croqua dedans à pleines dents.
— Je les ai faits pour vous selon une recette de mes aïeuls, reprit Rodislav Rashtarian, toujours immobile, en attendant sa réaction. Ils vous donneront de la force, car vous devez en avoir besoin avec tous ces…
La sonnerie du portable de Laura l’interrompit et Laura empoigna aussitôt l’appareil pour découvrir que Nathan lui avait envoyé un nouveau message : « Tu rentres bientôt ? » Elle sourit en constatant, avec satisfaction, qu’elle lui manquait probablement.
Nathan était un bon à rien. Comme de nombreuses autres femmes, Laura tentait de se persuader du contraire. Mais les faits ne mentaient pas. À vingt-sept ans, il avait entamé des études dans plusieurs facultés sans jamais obtenir de diplôme. Il s’était découvert tellement de vocations différentes qu’il n’avait pas eu le temps d’en mettre une seule en pratique. À présent, il ne travaillait pas. Il se contentait de boire des bières et fumer des joints à longueur de journée avec ses amis, pendant qu’elle donnait ses cours. Évidemment, il ne cherchait pas sérieusement d’activité professionnelle. Vivre aux côtés de Laura, tel un rentier le satisfaisait amplement.
Pensive, Laura releva les yeux de son smartphone tout en avalant le biscuit sec.
— Vous faites passer les objets avant les gens, n’est-ce pas ? demanda soudain le parent d’élève, dont le ton semblait brusquement plus grave encore, presque sourd.
Alex scruta sa maîtresse avec une expression de vive frayeur et il marcha à reculons pour rejoindre son père dont il semblait craindre la colère.
À l’extérieur, le vent chaud fit claquer une fenêtre avec une telle force, que Laura courut pour aller la fermer avant qu’elle ne se brise. Une ramette de papier s’envola dans la salle de classe en formant une brève tornade. Une tempête se préparait et les hauts arbres qui entouraient le carré de la cour dansaient déjà comme s’ils allaient être déracinés.
Lorsqu’elle revint à son bureau d’institutrice, elle comptait féliciter Monsieur Rashtarian pour ses biscuits, mais l’homme et son fils avaient disparu.
Laura fut stupéfaite par cette absence si brusque et irrespectueuse. Le parent d’élève avait-il pris congé à cause des intempéries ou pour lui donner une leçon de savoir-vivre ? Si tel était le cas, elle avait mangé son biscuit par politesse, mais son goût était douteux. La pâte avait pris l’humidité et, ce qu’elle croyait être de la confiture, n’avait en réalité aucun goût fruité.
En même temps, ce désistement l’arrangeait. Pour son déménagement prévu le lendemain à la première heure, elle devait finir d’emballer ses livres et ses bibelots dans des cartons.
À l’extérieur, le ciel devint si sombre qu’on se serait cru à la tombée de la nuit. Laura ordonnait les tables et les chaises dérangées par ses visiteurs, quand les néons accrochés au plafond en rangées parallèles s’éteignirent progressivement. Elle ne s’en formalisa pas, c’était un signe supplémentaire qu’il était temps de quitter l’établissement. Elle empoigna son sac pour traverser le couloir désert et rejoindre la cour de récréation où une tempête de vent faisait tourbillonner feuilles et détritus à deux mètres du sol. Derrière elle, le bâtiment de l’école, l’un des plus anciens de L’Abbaye-sur-Mer, paraissait bien lugubre sous ce ciel noir et menaçant, avec ses avant-toits aux motifs sculptés défigurés par le temps.
Craignant un orage violent, elle courut jusqu’à son Austin Mini et des trombes d’eau s’abattirent brusquement sur l’avenue, faisant grincer la carrosserie du véhicule comme s’il allait se tordre sous le poids des précipitations. C’est trempée qu’elle démarra enfin avant de se rendre à la première station essence en self-service pour y faire le plein, alors que l’averse prenait déjà fin.
Abritée par le paravent de la station, elle aperçut d’étranges lueurs dans le ciel. Ça n’était pas des jeux de lumières entre la lune et les quelques nuages, non. Cela ressemblait davantage à des éclairs qui se menaient bataille, loin, très haut dans le ciel. Depuis la station-service, on ne percevait plus de ce feu d’artifice silencieux que des taches multicolores s’enfuyant sur l’horizon. Laura ne s’attarda pas davantage sur ce phénomène et remonta dans son automobile pour rentrer tranquillement chez elle. Il faisait encore chaud et malgré la durée très courte de l’ondée, les chaussées ruisselaient comme s’il avait plu toute la journée.
En arrivant dans sa petite copropriété de deux étages, elle ne fut pas surprise de trouver Nathan en débardeur et pantalon de jogging, assis dans le canapé, les pieds sur la table basse, en train de regarder une série sur Netflix.
— Tu as passé une bonne journée ? lui demanda-t-elle cyniquement en parcourant l’avancée du remplissage des cartons de déménagement.
— Oh ! Je suis crevé, bébé. Je n’arrive pas à me reposer. Je crois que je devrais arrêter les joints. Ça me tue et je ne suis plus bon à rien.
Laura constata que rien n’avait avancé depuis son départ pour l’école, tôt dans la matinée. Et lorsque Nathan promettait de décrocher de l’herbe, c’était parce qu’il ne se donnait même pas la peine d’inventer un argument valable pour excuser son inertie.
— Tu as appelé tes copains pour venir nous aider demain matin, au moins ? demanda-t-elle en posant ses affaires avant d’essuyer ses longs cheveux dans une serviette-éponge.
Le jeune homme se leva avec son air d’enfant battu.
Nathan mesurait un mètre quatre-vingt-cinq. Brun, musclé, grand et très beau avec ses yeux bleus en amande, elle avait toujours craqué pour son physique parfait. C’était d’ailleurs l’un des derniers arguments concrets qui plaidait encore en sa faveur.
Il vint derrière elle pour la prendre dans ses bras et l’embrasser tendrement dans le cou.
Le jeune homme savait que Laura ne pouvait pas y résister. Elle le lui avait avoué à plusieurs reprises, dans ses instants de confidences. Dès qu’elle sentait le parfum de son épiderme, la douceur de ses baisers et son corps contre le sien, elle se sentait fragile, désarmée.
Mais cette fois, le charme n’opéra pas et elle le repoussa brusquement :
— Réponds-moi ! Tu les as appelés, ou non ?
Elle fut soudain prise d’une incroyable nausée qui comprima ses entrailles comme jamais.
Laura eut juste le temps de traverser le couloir pour courir jusqu’aux toilettes et y vomir.
L’horreur de ce mal aussi brusque qu’inexplicable fut d’autant plus terrible qu’elle cracha du sang.
Nathan arriva à ce moment-là, scrutant sa compagne avec un mélange de dégoût et de pitié.
Il enfila aussitôt son blouson sans prononcer un mot et la conduisit aux urgences.
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